Je serais bien incapable d’être exhaustif et précis quant à ce que nous rencontrons en tant que qu’individu et/ou société depuis plusieurs années et encore plus depuis début 2020.
Simplement à partir de ma propre perspective, donc une perspective limitée à mon lieu de vie, ma culture, mon éducation ou encore mes lectures ou mon entourage, je pense pouvoir me permettre de qualifier la situation tout au moins de transition ou de transformation. Certain parlent de crise(s), d’autre d’effondrement du monde comme nous le connaissons. Chacun pouvant trouver ses propres mots et sa propre lecture et la revisiter aux grés des événements et de nos propres prises de conscience.
Avant même la pandémie de la Covid, le terreau de notre civilisation semblait déjà bien fertile en complexité, en changement et en stimulation.
Le déploiement des technologies, la globalisation, les crises migratoires, l’accélération des désordres climatiques, la répartition déséquilibrée des richesses,…
La pandémie venant ajouter une peur plus immédiate pour notre propre santé et pour celle de nos proches, la disparation de certaines de nos libertés et plus globalement une perte de repères inédite dans un climat d’incertitude qui semble ne jamais s’arrêter.
Assez naturellement, ces conditions constituent un terreau idéal pour que germent les graines d’inquiétude, d’anxiété et de perte de confiance et de désespoir. Ce qui est d’ailleurs constaté dans les enquêtes d’opinions ou les études psycho-sociologiques.
La pleine conscience : une graine de résilience !
C’est à ce stade qu’une première réponse à notre question « Pourquoi méditer en 2021 ? » apparait. En quoi la pleine conscience peut nous aider à vivre une situation que nous ne maitrisons pas, que nous ne pouvons changer, tout au moins pas aussi rapidement que nous le souhaiterions ?
Les milliers de publications scientifiques menées depuis plus de 40 années illustrent les bénéfices de la pratique de la pleine conscience sur notre santé, notre sommeil, la régulation émotionnelle, les réponses immunitaires. Bref, notre résilience et plus globalement sur ce qui nous pourrions appeler les phénomènes de stress. De nombreuses ressources : écrits, articles, vidéos, documentaires illustrent et vulgarisent les mécanismes hormonaux, nerveux ou physiologiques en jeu dans ces bénéfices.
Alors certes la pleine conscience pratiquée de façon sécurisée et régulière est plus que jamais d’actualité pour traverser notre époque avec plus de stabilité et de résilience, mais pas que !
La pleine conscience : un outil essentiel pour les jardiniers du changement 🙂
Les travaux d’Otto Sharmer (MIT : ULab, Théorie en U) nous éclairent sur le fait que ce que vous avons très brièvement plus haut décrit de la situation de notre civilisation, n’est en fait que la partie visible de l’iceberg (10%). Otto Sharmer tente une description précise de la partie immergée (les 90%). Ce que nous voyons peut être lu comme la résultante, les fruits des systèmes en place et l’œuvre dans notre monde (économique, éducatif, financier, politique, urbain, agricole, …). Ces systèmes eux-mêmes étant les fruits de nos modes de pensées, de nos croyances et paradigmes invisibles [1]. Encore une fois, cela pouvant être vu comme les fruits de notre biologie, de notre cerveau même, comme héritage d’un temps plus ancien, où notre vulnérabilité était l’élément central de notre évolution, le « driver » de nos cellules [2].
C’est là que la pleine conscience prend de nouveau tout son sens. Selon les recherches les personnes qui pratiquent régulièrement la pleine conscience développent de la lucidité, de l’ouverture, du discernement sur leur propres modes de fonctionnement et sur le monde et aussi font preuve de compassion, d’empathie et de comportements prosociaux.
Alors la pleine conscience et ces bénéfices peuvent être considérée comme les outils de circonstance pour les jardiniers d’une nouvelle société : regarder la réalité telle qu’elle est avec discernement et lucidité, et entrer dans une collaboration équilibrée et créatrice avec nos co-homo-sapiens et alors œuvrer pour le monde d’après.
Joanna Macy, militante écologiste, éco-psychologue et universitaire américaine de renom, nous invite elle à cultiver 3 postures pour œuvrer au changement de cap : « d’une société de croissance économique à une société qui protège la vie ». Agir pour préserver le vivant, inventer des structures alternatives et développer un changement de conscience. CQFD 😉
Alors nous vous souhaitons avec Sophie, une année 2021 douce et engagée, engagée pour votre vie puis celle des autres. Nous vous souhaitons de prendre soin de vous pour laisser le jardinier qui vit à l’intérieur prendre soin du monde.
Emmanuel
[1] La spirale dynamique développée par Don Beck et Chris Cowan ou encore la vision intégrale de Ken Wilber nous offrent des référentiels riches pour étudier ces aspects.
[2] Les livres Le Bug Humain de Sébastien Bohler et Sapiens de Yuval Noah Harari proposent des approfondissements de ses sujets.