Recherche scientifique et Pleine Conscience
Une démarche scientifique rigoureuse
Depuis le milieu des années 1970, la recherche scientifique est au cœur du déploiement de le pratique de la pleine conscience. Jon Kabat-Zinn a d’ailleurs développé le programme MBSR au sein de l’Université de Médecine du Massachusetts (USA). Il a très rapidement impliqué des chercheurs des plus grandes universités mondiales afin de comprendre les mécanismes notamment biologiques, physiologiques, psychologiques, neuroscientifiques, et l’épigénétique impliqués dans la pratique de la pleine conscience, ceci afin d’évaluer ses effets sur les participants au programme MBSR.
On dénombre (en 2019) plus de 5 000 publications scientifiques sur le sujet, menées par plus de 45 universités internationales sur des champs comme la santé, l’éducation, le contexte professionnel…
Source : https://goamra.org/resources/
Le regard de la science sur la pleine conscience
Les sciences modernes et notamment les neurosciences nous informent que la pratique de la pleine conscience modifie durablement la structure et le fonctionnement de notre cerveau.
Plus précisément, l’imagerie cérébrale illustre une forme de plasticité du cerveau des méditant.e.s : baisse de l’activité de l’amygdale (associée à la gestion de la peur et de l’anxiété) et activation de la zone nommée insula et du cortex préfrontal (impliqués dans l’attention et dans nos comportements). Autrement dit, cela apporte une meilleure régulation émotionnelle.
Par exemple, l’insula est impliquée dans la perception de la douleur, la conscience de nos émotions ou encore en lien avec la modulation des systèmes nerveux sympathique et parasympathique.
Équilibre général
Ainsi, la pratique de la pleine conscience permet l’état d’équilibre du corps (homéostasie) en stimulant le système nerveux parasympathique plutôt que le sympathique, généralement activé pendant une phase de réaction à un stress. Alors, la pleine conscience stimule nos capacités naturelles d’auto-régulation et offre des conditions d’équilibre physiologique propices à la guérison et à une santé meilleure. D’autre études témoignent encore de l’impact sur les processus d’inflammation, le système immunitaire et le vieillissement des cellules (par l’intermédiaire de la télomérase).
Humeur et stress
La méditation aurait aussi un impact lisible sur un plan hormonal et aussi sur les neurotransmetteurs avec une action de régulation de l’humeur et de l’immunité. A titre d’exemple, sont observées chez les méditants une augmentation de la dopamine, de la sérotonine et autres endorphines (“hormones du bonheur”) et une diminution des hormones dites du stress : glucocorticoïdes et catécholamines, cortisol et noradrénaline.
Inflammation et réponse immunitaire
D’autre part, des études ont aussi illustré une baisse des marqueurs de l’inflammation et une régulation de l’expression des gènes liés à l’inflammation.
Prometteur et aussi soyons prudents
A la fois un faisceau de preuves converge vers des bénéfices larges de la pratique sur la sphère de la santé, et aussi il est essentiel de nommer que nous sommes encore dans le premier âge de la compréhension scientifique de ces phénomènes. Il convient de rester prudent et responsable sur la pratique et son enseignement. Avant tout il s’agit d’une pratique qui doit être expérimentée et évaluée par soi même et en aucun cas être pris comme “pilule ou remède miracle” à administrer de façon systématique et aveuglée.
Cela semble bénéfique : oui mais pas que !
Depuis quelques années des chercheurs se penchent avec un regard méthodique, précis et critique sur les limites et notamment les effets « indésirables » de la pratique méditative quelle soit transmise dans un contexte de traditions religieuses, philosophiques ou dans un contexte laïc et médical.
Jared Lindahl,PhD, Willoughby Britto, PhD et David A. Treleaven ont notamment laissé apparaître la nature des limites de la pratique de la pleine conscience en identifiant sur des groupes d’études de taille significative les effets indésirables (ex: dissociation, dépersonnalisation, traumatisme ravivé,..) de la pratique sur des participants rencontrant des difficultés d’ordre psychologique notamment (troubles de l’humeur, des traumas et autres troubles émotionnels). Autrement dit, une communauté scientifique pionnière et grandissante s’interroge et apporte des éléments de réponse autour de la question : « quelles pratiques sont les mieux ou les moins bien indiquées selon le type de personnes ou de difficulté » ou autrement dit « comment, d’abord ne pas nuire » alors la pleine conscience cultive l’intention d’un mieux être, d’une rencontre plus douce avec les aléas de nos vies.
« D’abord ne pas nuire », c’est d’ailleurs le nom des cursus de formation proposés par Jared Lindahl, PhD, Willoughby Britto, PhD au sein de la prestigieuse université de Brown (USA).
En savoir plus :
Le laboratoire de Brown sur le sujet
L’étude sur les impacts de la pratique
Vidéo courte de David A. Treleaven (sous titrage français possible)
Quelques publications scientifiques
Voici des liens pour découvrir quelques publications scientifiques sur l’impact de la pleine conscience :
Et pratiquer en entreprise ou dans un collectif , ça fait quoi ?
Avec Carole Daniel, Enseignante Chercheuse de SKEMA Business School, nous finalisons cette partie 😉
A très bientôt.
En savoir plus...
Découvrez des sites des acteurs principaux :
Les étonnantes vertus de la méditation. Reportage ARTE de 2018, probablement le plus abouti à ce jour sur le sujet.
Nous faisons notre part !
Chez la 8ème Semaine, nous avons dès le début de nos activités considéré juste et nécessaire de contribuer à cette dimension d’évaluation, d’objectivation de la pratique de la pleine conscience, à la fois pour nous soutenir dans notre posture d’enseignant et aussi contribuer plus largement au bien commun : la compréhension de la pratique et de ses effets.
Alors, aux côtés des acteurs locaux nous avons co-initié des programmes de recherche sur différents axes, dans différents contextes.
Programme de recherche #1 Ieseg et Skema
Enquête exploratoire sur les effets de la pleine conscience sur les individus
Une première étude quantitative initiée par La 8ème Semaine et Skema, en partenariat avec une chercheuse de l’IESEG a été menée de juin à septembre 2018. Vous avez été très nombreux à répondre : 771 répondants dont 501 ayant suivi un programme MBSR ! Cette première enquête a permis plusieurs publications :
- Une premier article commun
- Une chronique publiée par Carole Daniel et Elodie Gentina sur le site d’Harvard Business Review France (https://www.hbrfrance.fr/chroniques-experts/2019/04/25247-manager-les-millennials-grace-a-la-meditation-de-pleine-conscience/)
- Une présentation des résultats sur le Forum Changer d’Ere à la Cité des Sciences de Paris, le 12 juin 2019
- Deux articles en cours dans des journaux académiques
Programme de recherche #2 Skema et Adéo
Étude longitudinale sur la mise en place d’un programme MBSR chez Adéo
Depuis septembre 2016, Adéo et ses différentes enseignes se sont engagés dans le déploiement d’un programme MBSR pour ses salariés et cadres dirigeants. Cette démarche, menée par La 8ème Semaine est accompagnée par le regard scientifique de deux chercheurs de Skema, qui se penchent notamment sur les effets professionnels de cette initiative. Plusieurs publications académiques et journalistiques rendront compte des apprentissages tirés de cette expérience pionnière.
Programme de recherche #3 Skema
Enquête sur les effets de la pleine conscience sur notre dépendance au smartphone
Après une première enquête exploratoire en 2018, nous avons lancé en 2019 une seconde enquête sur la question de nos usages des technologies, et avons choisi de nous focaliser sur le smartphone. Bien entendu se cache derrière l’usage du smartphone le sujet de l’addiction. La pleine conscience a déjà été reconnue comme pratique aidant à lutter contre les phénomènes addictifs, et nous espérons contribuer à cette veine de recherche avec cette enquête.
Cette seconde enquête a donné lieu à une soumission (en cours) au prestigieux congrés scientifique International Conférence on Information Systems (ICIS) qui se tiendra en Décembre 2020 à Hyderabad en Inde. Des articles de presse sont aussi au programme !
Nous espérons que vous serez chaque année nombreux à nous soutenir dans la recherche sur la pleine conscience, et pour l’enquête 2020… nous dirons qu’elle a souffert des effets de la pandémie, mais nous serons de retour en 2021 !